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HISTORIQUE

« Allez! De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit; et apprenez les garder les commandements que je vous ai donnés » (Mt 28,18-20) Cette injonction du Christ à ses apôtres a été le leitmotiv qui a porté tous hommes et femmes, désireux de faire connaitre Jésus-Christ aux peuples qui ne le connaissent pas encore.

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En Côte d’Ivoire, après les nombreux essais infructueux, dans les siècles précédents, des missionnaires capucins (1637-1638), dominicains (1687-1701) et des pères du Saint Cœur de Marie (1844-1852), c’est finalement à la fin du XIXème siècle que les missionnaires de la Société des Missions Africaines (SMA), à l’œuvre en Afrique de l’Ouest depuis à peu près trente (30) ans, réussiront à démarrer en ce pays, l’Évangélisation à proprement dite. En effet, une occasion en or se présente en 1895… En la date du 11 Janvier, le gouverneur de la Côte d’Ivoire, Louis Gustave BINGER, face aux ravages que faisaient la fièvre jaune et le paludisme dans les rangs des expatriés blancs, fait appel aux missionnaires de la Société des Missions Africaines (SMA), dans une lettre adressée au supérieur général, le Père PLANQUE, afin d’ouvrir et gérer les écoles dans la jeune colonie de la Côte d’Ivoire. En juin de la même année, Rome érige la préfecture apostolique de Côte d’Ivoire et nomme le Père Matthieu Ray (1848-1899), comme premier Préfet Apostolique. Un Peu mal en point du fait de ses nombreux voyages missionnaires, le Père Matthieu Ray est contraint de prendre quelques mois de repos en France, mais en attendant qu’il puisse se rendre en Côte d’Ivoire, les Pères Émile BONHOMME (1853-1928) et Alexandre HAMARD (1854-1909), tous deux de la SMA, respectivement âgés de 45 et 41 ans, vont être envoyés en éclaireurs. Ces derniers embarquent à Marseille le 07 Octobre 1895 et débarquent à Grand-Bassam le 28 Octobre de la même année, vers 8h du matin. Très tôt, ils font la connaissance de quatre (4) européens, travaillant dans la ville de Grand-Bassam comme directeurs de factorerie. Ils se lient particulièrement d’amitié avec un certain Léon ERBÉ, responsable de la compagnie de factorerie de KONG. Ce dernier, lors d’une livraison de colis dans la zone d’ALÉPÉ, amène à bord de son petit bateau à vapeur, nos deux missionnaires désireux d’explorer les villages alentours. C’est ainsi qu’ils atteignent le village D’ALÉPÉ, localité située sur la rive de la Comoé, puis un autre village « PÉPÉTRÉ », qui ne retiennent pas particulièrement leur attention! Sur place, ils apprennent qu’à une douzaine de kilomètres dans la forêt, il y a trois villages importants (GRAND-ALÉPÉ, MONTÉZO, MEMNI) où jamais aucun blanc n’y avait pénétré : rien de tel pour fouetter leur courage défaillant. Les pères Émile et Alexandre, se décident donc à les visiter. Après quelques heures de marche dans la forêt, ils atteignent le Village de GRAND-ALÉPÉ où ils reçoivent un assez-bon accueil, terni par les réticences du chef de ce village. Le lendemain, ils atteignent MONTÉZO, localité de moindre importance, et ne s’y arrêtent pas. Par contre à MEMNI, village coiffant le sommet d’une colline, l’accueil sympathique dont ils sont gratifiés, les pousse à vouloir s’y installer. Mais, nos missionnaires poursuivent leur excursion en visitant les villages de MALAMASSO et BÉTTIÉ puis retournent à Grand-Bassam. Quelques jours après leur retour à Grand-Bassam, ils ont une autre occasion de se rendre à BÉTTIÉ avec un commerçant; ils saisissent l’occasion et en profitent pour repasser à MEMNI où, encore une fois, ils sont très bien accueillis par la population. De retour à Grand Bassam, les deux missionnaires prennent leur décision : ils vont ouvrir immédiatement une mission à MEMNI. Les pères HAMARD et BONHOMME vont faire part de cette décision, au gouverneur BINGER. Ce dernier la ratifie et demandent aux deux missionnaires de bien vouloir se charger de la direction de l’école de Grand-Bassam, dont le directeur laïc est sacrément amoché par la fièvre et l’anémie. C’est ainsi que nos deux missionnaires se séparent, le 28 Décembre 1895: le Père HAMARD reste à Grand-Bassam pour diriger l’école et le Père Émile BONHOMME retourne seul à MEMNI, en attendant l’arrivée du Préfet apostolique. Il raconte « j’y suis arrivé le 30 décembre 1895, avec un cortège composé de mon domestique, d’un esclave racheté peu de jours auparavant et de quelques porteurs chargés de mon petit bagage. Toute la population m’a accompagné à la case royale. Le vieux roi, assis sur un morceau de bois, m’a reçu, entouré de toute sa cour. (…) “ tu es, me dit-il, le premier Blanc qui ait pénétré dans notre royaume. Tu viens pour nous faire du bien; j’en suis très heureux, j’espère que tu nous porteras bonheur, à moi et à mes sujets. Choisis l’endroit le plus convenable pour élever ta case. Je t’en fais cadeau" » Dès lors, le père BONHOMME s’installe dans le village et y débute la mission. Le 19 Septembre 1896, le premier baptême solennel de MEMNI est reçu par Marie Émilie Mathan; en Novembre 1896, l’école de MEMNI compte déjà 10 à 12 élèves.

Pendant dix mois le père Bonhomme a vécu seul, isolé au milieu d’une population inconnue, privé des secours et des consolations qu’offre la présence d’un confrère. Heureusement le 7 novembre 1896, arrive un jeune missionnaire de 24 ans : le père Pierre MÉRAUD (1872-1958), arrivé de France le 21 Octobre 1896 et dépêché pour aider le Père BONHOMME dans sa mission à MEMNI. Entre temps, arrive en Côte d’Ivoire, le père Matthieu ray, Préfet Apostolique, le 23 Janvier 1896. Aussitôt, l’administration coloniale le pousse à créer des écoles dans d’autres localités, notamment à DABOU et ASSINIE. Pour que soient possibles de telles tâches, la création de nouvelles stations dans les villages concernés, s’impose. De ce fait, le Préfet apostolique confie la mission de MEMNI au père MÉRAUD et demande au père BONHOMME de se charger de l’ouverture d’une mission et d’une école à ASSINIE. Le 10 Septembre 1897, en l’absence du Père Bonhomme, le père MERAUD devient le responsable de la mission de MEMNI. À travers ses visites dans les familles, ses balades dans le village, la peur qui régnait dans le cœur de nombreux villageois, fit peu à peu place à la confiance. Le jeune prêtre s’adonne même à l’apprentissage du dialecte local, ce qui lui permet de dire une homélie en Attié tous les quinze jours. En 1898, le Père Ray, profite d’un voyage en France, pour ouvrir des négociations avec la Mère Supérieure des religieuses de Notre Dame des Apôtres, dans le but de faciliter par l’établissement de sœurs de cet institut, la formation de jeunes ménages chrétiens, base de toute mission vraiment stable. En novembre 1898, les sœurs Danien, Basilide et Adrien arrivent à Grand-Bassam. En Mai de l’année suivante, éclate une épidémie de fièvre jaune. Le 13 Mai, le Père Matthieu Ray, jusque-là préfet apostolique de Grand-Bassam en meurt; le lendemain, les sœurs quittent Bassam pour se réfugier à MEMNI, mais sur la route, la sœur Danien, rend elle aussi l’âme. La mission de Grand-Bassam est totalement incendiée, par l’administration coloniale qui voit en cet acte, le seul moyen pour lutter contre l’épidémie. Le 11 Juillet 1899, les sœurs Notre Dame des Apôtres se déplacent à DABOU, où la mission en place, offre des conditions plus saines. Pendant ce temps, la mission à MEMNI ne cesse de croître, le nombre de ses chrétiens et de ses catéchumènes ne cesse d’augmenter et son église est devenue trop petite. Père MERAUD entreprend donc d’ériger une église plus belle et plus grande. Les travaux commencent dès les premiers mois de l’année 1904. Sous la conduite du père, ces travaux mettront à contribution tout le village : on assiste à un admirable spectacle de solidarité dans un village encore en grande partie païenne. Les fils de MEMNI se rendent tous disponibles pour extraire et transporter les pierres nécessaires à la construction, à ramener d’ALÉPÉ tôles, bois, chaux, ciment, en un mot tous les matériaux indispensables à la construction de l’édifice. L’ouvrage va se poursuivre pas à pas jusqu’en 1918, devant la plus ancienne église de la côte d’Ivoire. La mission du père MÉRAUD à MEMNI connait un essor extraordinaire; jusqu’à s’étendre dans la quasi-totalité des villages alentours. À partir de 1929, il pourra compter sur l’aide précieuse apportée par les sœurs Agathe et Clémentine de la congrégation Notre Dame des Apôtres, venues en mission en Côte d’Ivoire afin de s’installer à MEMNI. Celles-ci seront d’une aide précieuse à la mission à MEMNI, en raison de leur implication remarquable dans le domaine éducatif, social et de la santé. Dans une parfaite symbiose avec les sœurs de cette communauté, les missionnaires mettent en place le dispensaire et l’école de MEMNI, qui deviendront les plus importants dans le Sud du pays. L’école mis sur pied par les missionnaires, aura pour objectif majeur la formation des catéchistes et des prêtres autochtones. Après un travail colossal dans le village qu’il a en grande partie développé, le père MÉRAUD est nommé en 1958, responsable d’une station fraichement créée à DABRÉ, village situé à une quinzaine de kilomètres de MEMNI. Il y rendra l’âme, sans manquer de voir les premiers fruits de sa semence : l’ordination en 1953 de l’abbé Gilbert N’GUIO, premier prêtre de MEMNI. Depuis, la communauté catholique de MEMNI, placée sous la protection de Saint Joseph, s’est agrandie et de nombreuses vocations ont été et continuent d’être enregistrées, afin que l’œuvre des missionnaires se perpétue. Supplions donc le Maitre de la moisson, d’envoyer aujourd’hui encore, des ouvriers pour sa vaste moisson.


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